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Être pair.e-aidant.e en santé mentale, cela consiste en quoi?

Être pair.e-aidant.e en santé mentale, cela consiste en quoi?

Le métier de pair.e-aidant.e en santé mentale est en plein développement. Pourtant, plusieurs d’entre-nous ne savent pas en quoi cela consiste exactement. Que fait un ou une pair.e aidant.e au quotidien? Ce travail est encore assez méconnu.  

Chez Accès-Cible SMT, nous avons la chance d’avoir une paire-aidante depuis plus de 4 ans, qui accompagne et soutient les participant.e.s de notre programme, en sus des intervenant.e.s.  

Pour en apprendre un peu plus sur ce métier et sur ses impacts, nous avons demandé à Geneviève, paire-aidante, à Marie, directrice générale, et à Denis, participant actuel du programme et utilisateur de ce service, de répondre à quelques questions.   

Geneviève, comment décrirais-tu ton travail de paire-aidante en santé mentale? 

En tant que paire-aidante, mon travail consiste à aider mes pair.e.s (concrètement, les participant.e.s de notre programme d’employabilité) en utilisant mon savoir expérientiel. J’ai vécu des enjeux de santé mentale, que je dévoile judicieusement selon les besoins de la personne aidée. En dévoilant et en démontrant que le rétablissement est possible, je sers de modèle mais surtout je tente de susciter l’espoir. Je travaille aussi à ce que la personne se réapproprie le pouvoir sur sa vie par une meilleure connaissance et compréhension de ses enjeux et par un renforcement de sa capacité d’auto-gestion. 

Et au quotidien, quelles sont les activités que tu fais le plus? 

En tant que paire-aidante dans un organisme du domaine de la santé mentale et de l’employabilité qui offre des ateliers de groupe, j’anime certains des ateliers. Les sujets que j'aborde sont bien sûr en lien direct avec les enjeux de santé mentale. Je parle de la question du dévoilement, du rétablissement, de la gestion autonome de la médication (GAM) et du filet de sécurité. (Vous pouvez avoir un aperçu des ateliers de Geneviève en lisant les articles « Réflexions autour de la médication » et « Guérir ou se rétablir, qu'en est-il en santé mentale? ».)

Je fais aussi beaucoup de rencontres individuelles avec les participant.e.s pour toutes sortes de situations qu’ils ou elles vivent, que cela soit des rencontres planifiées ou informelles. Mon bureau est situé à côté des salles d’ateliers et ma porte toujours ouverte, quand je ne suis pas déjà avec quelqu’un, bien sûr! Les personnes viennent souvent discuter, échanger sur différents enjeux. Cela peut être par exemple au sujet de l’estime de soi, la connaissance de la maladie, la médication, le logement ou encore les problèmes financiers. Je peux également accompagner les participant.e.s lors de leurs rendez-vous avec des professionnels de la santé.  

Je participe aussi à des formations continues et/ou des ateliers de réseautage avec d’autre pair.e.s-aidant.e.s ou encore à des tables de concertation, qui me permettent de partager et d’échanger sur la pair-aidance.  

Denis, de ton côté, tu as été accompagné par Geneviève. Qu’est-ce que tu dirais que cet accompagnement t’a apporté? 

Pour vous mettre dans le contexte, durant les dernières semaines, j’ai vécu beaucoup de stress et d’anxiété. Je devais dans la même période trouver un nouveau logement et un stage. Je me suis senti complètement dépassé, submergé et je n’arrivais plus à fonctionner. Je pensais abandonner le programme. Les intervenant.e.s m’ont suggéré d’aller voir Geneviève. On a pu se voir à plusieurs reprises. Je pense que l’on a fait au moins 6 ou 7 rencontres.  

Cela m’a beaucoup aidé, à la fois pour trouver des solutions à mes problématiques mais aussi pour gérer mon stress et toute mon anxiété et reprendre le dessus. 

En fait, je me suis senti tout de suite vraiment compris, rien que cela a allégé mon fardeau. Je me suis senti en confiance, alors que d’habitude j’ai vraiment de la difficulté à faire confiance. Le fait qu’elle ait elle aussi vécu certains enjeux, que l’on partage des vécus similaires, cela crée tout de suite un lien particulier. 

Elle a même pu m’aider concrètement dans ma recherche de logement, elle a effectué des recherches pour moi et a appuyé certaines de mes demandes. Je me suis senti soutenu! 

La semaine dernière j’ai emménagé dans mon nouvel appartement et j’ai eu une réponse positive pour un stage. Je poursuis donc le programme avec enthousiasme! Je peux dire que cet accompagnement m’a apporté beaucoup de positif à tous les niveaux!  

Geneviève, selon toi, qu’est-ce que le fait d’avoir accès à une paire-aidante apporte aux participant.e.s? 

Je crois que le fait de dévoiler mon vécu amène de la crédibilité aux ateliers que j'anime. Je pense que notre vécu commun avec les participant.e.s crée un lien de confiance fort, qui s’établit souvent vraiment rapidement. Je pense aussi que mes ateliers et mes rencontres permettent de susciter l’espoir et conduisent les personnes à développer une plus grande autonomie dans la gestion de leurs enjeux. Ce que j’ai remarqué est qu’ils et elles semblent plus à l’aise à se dévoiler et que cela permet de diminuer la stigmatisation et l’auto-stigmatisation. 

Marie, depuis la création du poste, peux-tu voir une différence pour les participant.e.s dans le fait qu’il y ait une paire-aidante dans l’organisme? Et si oui, quelle différence? 

Je pense pour ma part que l’impact est indéniable. J'ai beaucoup de rétractions positives quand je sonde les participant.e.s sur le service, Les personnes amènent entre autres qu'elles se sentent comprises et que cela leur renvoie de l'espoir. Le fait de pouvoir aussi être accompagné à des rencontres avec des professionnel.le.s (par exemple chez le médecin) les aide en se sentant plus de courage à affronter des rencontres qui parfois les angoissent. C'est aussi une possibilité pour l'équipe d'intervention de passer le flambeau quand le savoir expérientiel pourrait être plus propice donc c'est un plus aussi pour l'équipe.  

Depuis que le poste a été créé, le service est vraiment très en demande. Cela a un impact sur le maintien dans le programme. Les participant.e.s ont accès à plus d’outils qui leur permettent de poursuivre leur cheminement, alors qu’ils ou elles auraient peut-être abandonné sans cela. Et bien sûr, ces personnes conservent ces outils pour le futur, cela ne s’arrête pas avec la fin de leur parcours chez Accès-Cible SMT! L’effet est à long terme! 

Pour finir, Geneviève, que conseillerais-tu à une personne qui souhaiterais devenir paire-aidante? Selon toi, quelles sont les aptitudes à avoir, et quel chemin suivre? 

Pour devenir pair.e-aidant.e, dans un premier temps je crois que le fait d’avoir du recul face à ses propres difficultés est nécessaire. Aider les pairs ne doit pas dans la mesure du possible nous ramener dans nos enjeux. Cela prend une capacité d'écoute et d’empathie. Il faut aussi être en mesure de dévoiler judicieusement son vécu et c’est une chose qui s’apprend. Je recommande à toute personne désirant devenir pair-aidant de faire une formation certifiée. 

Pour faire un peu plus connaissance avec Geneviève, paire-aidante : 

Entretien avec Geneviève 

À propos de la pair-aidance : 

L’Association québécoise pour la réadaptation psychosociale (AQRP) définit la pair-aidance comme étant un processus d’accompagnement entre une personne qui a déjà vécu des troubles de santé mentale (on parle de savoir expérientiel) et une autre qui essaie de se rétablir. 

Selon l’AQRP, les bénéfices incluent : 

  • Diminution des symptômes de dépression, de la morbidité, de la mortalité, du recours aux services d’urgence 

  • Amélioration de l’état de santé et de la qualité de vie en général, de l’estime de soi, de la compréhension de la maladie et de l’acceptation d’être traité. 

Les formations offertes au Québec en lien avec la pair-aidance sont proposées par l’AQRP et l’Université de Montréal

Ressources en pair-aidance 

AQRP 

Pair-aidance Québec  

Association des pairs aidants du Québec 

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